? Il joue de la viole
de Gambo, il parle trois ou quatre langues, mot à mot, sans livre, et
il possède les meilleurs dons de nature.
MARIE.--Oh ! oui, certes, il les possède au naturel ; car, outre que c’est
un sot, c’est un grand querelleur ; et si ce n’est qu’il a le don d’un
lâche pour apaiser la fougue qui l’emporte dans une querelle, c’est
l’opinion des gens sensés qu’on lui ferait bientôt le don d’un tombeau.
SIR TOBIE.--Par cette main, ce sont des bélîtres, des détracteurs, que
ceux qui tiennent de lui ces propos.--Qui sont-ils ?
MARIE.--Ce sont des gens qui ajoutent encore qu’il est ivre toutes les
nuits en votre compagnie.
SIR TOBIE.--À force de porter des santés à ma nièce : je boirai à sa
santé aussi longtemps qu’il y aura un passage dans mon gosier, et du vin
en Illyrie. C’est un lâche et un poltron[9] que celui qui ne veut pas
boire à ma nièce, jusqu’à ce que la cervelle lui tourne comme un sabot
de village. Allons, fille, castiliano vulgo[10] : voici sir André
Ague-face.
[Note 9 : Coystril, un coq peureux.]
[Note 10 : Castiliano vulgo, à l’espagnole.]
(Entre sir André Ague-cheek.)
SIR ANDRÉ.--Ah ! sir Tobie Belch ! Comment vous va, sir Tobie Belch ?
SIR TOBIE.--Ah ! mon cher sir André !
SIR ANDRÉ, à Marie.--Salut, jolie grondeuse.
MARIE.--Salut, monsieur.
SIR TOBIE.--Accoste, sir André, accoste.
SIR ANDRÉ.--Qu’est-ce que c’est ?
SIR TOBIE.--La femme de chambre de ma nièce.
SIR ANDRÉ.--Belle madame Accoste, je désire faire connaissance avec
vous.
MARIE.--Mon nom est Marie, monsieur.
SIR ANDRÉ.--Belle madame Marie Accoste….
SIR TOBIE.--Vous vous méprenez, chevalier. Qu
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