sur le rivage ? N’as-tu plus de langue à terre ? qu’y a-t-il de nouveau ?
La première et la meilleure nouvelle, c’est que nous avons retrouvé sains et saufs le roi et sa suite ; la seconde c’est que notre navire, que nous croyions, il y a trois heures, en mille morceaux, est en bon état et pourvu de tous ses agrès, comme au moment où nous avons mis à la voile.
Seigneur, j’ai accompli tout cela depuis que je t’ai quitté.
Mon habile génie !
Ce ne sont pas là des événements naturels ; ils se succèdent de plus en plus étranges. Dites, comment êtes-vous venus ici ?
Si j’avais, seigneur, la certitude d’être bien éveillé, j’essayerais de vous le dire. Nous étions tous profondément endormis et (nous ne savons trop comment) tous nichés sous les écoutilles, lorsque tout à l’heure un étrange tintamarre de voix qui rugissaient, criaient, hurlaient, de chaînes qui s’entrechoquaient, enfin je ne sais combien de bruits horribles nous ont éveillés ; nous nous sommes trouvés debout et libres, ayant sous les yeux notre royal, excellent et joli navire, tout appareillé ; notre patron en a bondi de joie ; en un clin d’œil, n’en déplaise à votre majesté, nous nous sommes vus, comme dans un rêve, séparés de nos compagnons et amenés ici.
N’ai-je pas bien fait les choses ?
Parfaitement, mon diligent Ariel. Tu seras libre.
. Voilà le plus merveilleux dédale où les pas de l’homme se soient jamais égarés ! Il y a dans tout ceci quelque chose qui s’écarte des voies de la nature ; il faut que quelque oracle nous l’explique.
Mon seigneur suzerain, ne tourmentez pas votre esprit à chercher l’explication de ce que tout ceci a d’étrange : bientôt je vous conterai à loisir tous ces événements et vous donnerai le mot de cette énigme. Jusque-là, soyez joyeux, et croyez que tout est bien. {À Ariel.) Viens ici, Ariel ! mets en liberté Caliban et ses compagnons : dénoue le charme.
Comment se trouve mon gracieux