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ACTE III, SCÈNE II.

Vains efforts ! sur ces cœurs leurs traits n’ont pas fait brèches,
Cythérée a quitté ces lieux ;
Son fils a, de dépit, brisé toutes ses flèches ;
Avec les passereaux il jouera désormais,
Et veut n’être qu’enfant, dit-il, à tout jamais.

CÉRÈS.

Voici venir Junon, que son port nous révèle.


Entre JUNON.



JUNON.

Comment va ma sœur immortelle ?
Allons de ces amants bénir le chaste amour ;
Allons à ce couple fidèle
Promettre un avenir prospère, afin qu’un jour
Ils soient dans leurs enfants honorés à leur tour.

 

CHANT.



JUNON.

Soyez heureux, époux charmants ;
Ayez honneur, richesse et joie ;
Qu’en de divins ravissements
Chaque jour votre âme se noie :
Soyez heureux, époux charmants ;
Junon a béni vos serments.

CÉRÈS.

Vous aurez récolte abondante ;
Vos greniers seront toujours pleins ;
Pour vous la vigne bienfaisante
Ploiera sous le poids des raisins.
Sitôt la moisson terminée,
Le printemps brillera pour vous.
Soyez heureux, jeunes époux ;
Cérès bénit votre hyménée.

FERDINAND.

Quelle vision majestueuse ! quels chants harmonieux ! ce sont des esprits sans doute.

PROSPÊRO. Oui, des esprits que ma science a évoqués de leurs retraites pour servir mes projets actuels.

FERDINAND.

Puissé-je vivre ici toujours ! un tel père et une telle épouse font pour moi de ce lieu un paradis.

Junon et Cérès se parlent à l’oreille, puis donnent un ordre à Iris qui part pour l’exécuter.
PROSPÊRO

. Ma fille, fais maintenant silence ; Junon et Cérès se parlent tout bas et d’un air préoccupé ; quelque chose de nouveau va paraître ; restez tous deux muets, sans quoi notre charme sera rompu.

3.