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LA TEMPÊTE.

Et la grasse prairie et ses foins odorants ;
Quitte les bords fleuris où le bluet foisonne,
Où la nymphe des champs compose sa couronne ;
Et ces bosquets où vont les amants éconduits
Pleurer leur flamme et leurs ennuis ;
Et la plage rocheuse où la vague se brise,
Où tu vas respirer le souffle de la brise.
La puissante reine des cieux.
Dont je suis l’humble messagère.
T’invite à venir en ces lieux
Partager ses plaisirs sur la verte fougère.
Hâte-toi, car déjà, dans les airs ébranlés.
J’entends le vol des paons à son char attelés.


Entre CÉRÈS.



CÉRÈS.

De la reine des dieux messagère brillante,
Toi dont les ailes d’or distillent sur mes fleurs
Une rosée utile et bienfaisante.
Toi qui fais de ton arc aux changeantes couleurs
À la terre charmée une écharpe éclatante.
Salut ! que veut de moi la puissante Junon ?
Et pourquoi m’appeler sur ce riant gazon ?

IRIS.

Pour célébrer, dans ce lieu délectable,
Un contrat d’amour véritable.
Et faire à ces amants heureux
Des présents dignes d’eux.

CÉRÈS.

Dis-moi, messagère céleste,
Vénus et son fils, en ce riant séjour.
Apporteront leur présence funeste.
J’ai juré de ne voir ni Vénus ni l’Amour,
Depuis la fatale journée
Où, grâce à leurs complots pervers,
Le noir monarque des enfers
Est venu me ravir ma fille infortunée.

IRIS.

Tu peux te rassurer. Dans les plaines des cieux
J’ai rencontré son char qui cinglait vers Cythère ;
Le fils était avec la mère.
Ils avaient fait un projet odieux ;
Ils voulaient déployer leur puissance fatale
Sur ces deux cœurs naïfs et vertueux.
Résolus de garder leur candeur virginale
Jusqu’au jour qui verra la flamme nuptiale
Sur l’autel s’allumer pour eux.