Tu me rends tout joyeux ; je ne me sens pas d’aise ! soyons gais : voudrais-tu bien me répéter l’air que tu m’enseignais il n’y a qu’un moment ?
Monstre, je ferai tant bien que mal raison à ta demande. Allons, Trinculo, chantons.
Envoyons-les à tous les diables !
La pensée est libre, morbleu.
Ce n’est pas l’air.
Qu’est-ce que j’entends ?
C’est l’air de notre chanson joué par le ministère de personne.
Si tu es un homme, montre-toi sous la forme humaine ; si tu es un diable, prends-le comme il te plaira.
Oh ! pardonnez-moi mes péchés !
Qui meurt paye ses dettes : je te défie. Merci de nous !
As-tu peur ?
Moi, monstre ? oh ! non !
N’aie pas peur. L’île est pleine de bruits, de sons et d’airs harmonieux qui charment l’oreille et ne font point de mal. Parfois des milliers d’instruments sonores vibrent à mon oreille ; ou bien ce sont des voix qui, si je m’éveille après un long somme, me font dormir encore ; puis, dans mes rêves, il me semble voir les nuages s’entr’ouvrir, déployer à ma vue des magnificences prêtes à pleuvoir sur moi, en sorte que lorsque je me réveille, je souhaiterais rêver encore.
Ce sera pour moi un royaume charmant ; j’y aurai de la musique pour rien.
Quand Prospéro sera tué.
Cela ne tardera pas ; je n’ai pas oublié ton histoire.
Les sons s’éloignent ; suivons-les.
Monstre, marche devant ; nous te suivrons. Je voudrais bien voir ce tambourineur ; il s’en acquitte à merveille. {À Trinculo.) Viens-tu ?
Je te suis, Stéphano.