Dieu conserve sa majesté !
Vive Gonzalve !
M’écoutez-vous, seigneur ?
Assez, je vous prie ; c’est comme si vous ne me disiez rien.
J’en crois sans peine votre majesté ; ce que j’en ai fait était en vue de ces messieurs, qui ont la rate si sensible et si chatouilleuse qu’ils sont toujours prêts à rire pour rien.
C’est de vous que nous avons ri.
De moi, qui dans cet assaut de folles plaisanteries, ne suis rien comparé à vous : vous pouvez continuer à rire à propos de rien.
Il nous a asséné là un fameux coup !
Heureusement que le coup a porté à faux.
Vous êtes des hommes d’une bonne trempe ; vous dérangeriez la lune de sa sphère si elle y restait cinq semaines sans changer.
Il est vrai, et puis nous irions la nuit à la chasse aux oiseaux.
Allons, mon bon seigneur, ne vous fâchez pas.
jNon, certes, je vous en donne ma parole ; je ne ferai pas sottise pareille. Vous plaît-il de me bercer de vos plaisanteries ? car je me sens très-disposé à dormir.
Dormez tous en nous écoutant.
Eh quoi ! tous dorment déjà ! que ne peuvent mes yeux en se fermant clore aussi mes pensées ! il me semble qu’ils y sont disposés.
Seigneur, mettez à profit le sommeil qui s’offre à vous : il est rare qu’il visite la douleur ; quand il le fait, c’est un consolateur.
Pendant que vous reposerez, seigneur, nous deux, nous garderons votre personne et veillerons à votre sûreté.
Je vous remercie : je me sens étrangement assoupi.
Quelle singulière léthargie s’est emparée d’eux !
C’est l’effet du climat !
Pourquoi la même cause ne ferme-t-elle pas