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vous dis-je ; on dit qu’il y a une puissance magique dans les nombres impairs, soit pour la naissance, soit pour la fortune ou pour la mort. Adieu.

Mme VABONTRAIN. Je vous procurerai une chaîne, et je ferai mon possible pour vous avoir une paire de cornes.

FALSTAFF. Partez, vous dis-je, le temps s’écoule ; allez, relevez la tête et marchez à petits pas.

Mme Vabontrain sort.
Entre FORD.

FALSTAFF, continuant. Comment vous portez-vous, monsieur Brook ? Monsieur Brook, l’affaire se terminera cette nuit ou jamais. Trouvez-vous à minuit dans le parc, auprès du chêne de Herne, et vous verrez des merveilles.

FORD. N’avez-vous pas été la voir hier, monsieur, comme vous en étiez convenu ?

FALSTAFF. Monsieur Brook, je suis allé chez elle en pauvre vieillard et tel que vous me voyez ; mais j’en suis sorti en vieille femme. Son coquin de mari a bien la jalousie la plus enragée, monsieur Brook, qui ait jamais possédé un homme. Je vous dirai tout : il m’a battu comme plâtre sous ma forme de femme ; car sous ma forme d’homme, monsieur Brook, je ne craindrais pas un Goliath, quand je n’aurais pour arme que la navette d’un tisserand ; je sais trop que la vie n’est qu’une navette. Je suis pressé, venez avec moi, monsieur Brook ; je vous conterai tout chemin faisant. Depuis l’époque où je plumais des oies vivantes, faisais l’école buissonnière et jouais à la toupie, je n’avais pas connu jusqu’aujourd’hui ce que c’est que d’être battu. Suivez-moi ; je vous apprendrai d’étranges choses de ce coquin de Ford : cette nuit me vengera de lui, et je vous livrerai sa femme. Suivez-moi ; de singulières choses se préparent, monsieur Brook ; suivez-moi.

Ils sortent.



Scène II.

Le parc de Windsor.
Arrivent PAGE, CERVEAUVIDE et NIGAUDIN.

PAGE. Venez, venez ; nous nous tiendrons cachés dans les fossés du château jusqu’à ce que nous apercevions les flambeaux de nos lutins. Mon gendre Nigaudin, n’oubliez pas ma fille.

NIGAUDIN. Non, certes ; je lui ai parlé, et nous sommes con-