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Mme PAGE. J’imaginerai un moyen pour en faire l’épreuve, et nous jouerons de nouveaux tours à Falstaff : il n’est pas probable que sa fièvre de concupiscence cède à ce premier remède.

Mme FORD. Si nous lui députions de nouveau cette coquine de Vabontrain pour lui faire nos excuses du bain qu’il a pris, et lui donner de nouvelles espérances qui nous permettront de lui infliger un nouveau châtiment ?

Mme PAGE. Bien pensé ; faisons-le venir demain à huit heures pour le dédommager.

Rentrent FORD, PAGE, CAIUS et SIR HUGUES EVANS.

FORD. Je ne puis pas le trouver ; il est possible que ce coquin se soit vanté de choses qui passaient son pouvoir.

Mme PAGE, bas, à Mme Ford. Entendez-vous ce qu’il dit ?

Mme FORD. Oui, oui ; chut ! (Haut, à M. Ford.) Vous avez avec moi de jolis procédés, monsieur Ford.

FORD. Je n’en disconviens pas.

Mme FORD. Puissent vos actions valoir mieux que vos pensées !

FORD. Ainsi soit-il !

Mme PAGE. Vous vous faites beaucoup de tort, monsieur Ford.

FORD. Bien, bien ! j’en porte la peine.

EVANS. Je n’ai trouvé personne dans la maison, ni dans les chambres, ni dans les coffres, ni dans les armoires, aussi vrai que j’espère le pardon au jour du jugement.

CAIUS. Morbleu ! je n’ai rien trouvé non plus, pas une âme.

PAGE. Fi donc ! monsieur Ford, n’avez-vous pas de honte ? Quel mauvais génie, quel démon vous met en tête ces chimères ? Je ne voudrais pas pour les richesses du château de Windsor avoir un pareil travers.

FORD. C’est ma faute, monsieur Page, et c’est moi qui en souffre.

EVANS. Vous souffrez les tortures d’une mauvaise conscience ; vous avez une femme aussi honnête que je souhaiterais d’en trouver une sur cinq cents et sur mille.

CAIUS. Je vois, morbleu ! que c’est une honnête femme.

FORD. Fort bien ; je vous ai promis à dîner ; venez, venez faire un tour dans le parc. Excusez-moi, je vous prie ; je vous ferai connaître plus tard pourquoi j’en ai agi ainsi. Venez, ma femme ; venez, madame Page ; je vous en prie, pardonnez-moi ; pardonnez-moi, je vous le demande en grâce.