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la partie : allons mettre leurs épées en gage. Suis-moi, homme de paix ; suivez-moi, suivez-moi tous.

CERVEAUVIDE. Il est original notre hôte. Venez, messieurs, venez.

NIGAUDIN. Ô charmante Anna Page !

Cerveauvide, Nigaudin, Page et l’Hôte s’éloignent.

CAIUS. Ah ! vraiment, vous vous êtes moqué de nous. Ah ! ah !

EVANS. Voilà qui est bien ; il nous a pris tous deux pour objets de risée : soyons amis, si vous m’en croyez, et réunissons nos deux cervelles pour nous venger de ce coquin, de ce misérable, l’hôte de la Jarretière.

CAIUS. Parbleu ! de tout mon cœur ; il m’avait promis, en me conduisant ici, de m’y faire voir Anna Page : morbleu ! il m’a trompé aussi, moi.

EVANS. Eh bien, je veux lui briser la caboche. Suivez-moi, je vous prie.

Ils s’éloignent.



Scène II.

La grande rue de Windsor.
Arrivent Mme PAGE et ROBIN.

Mme PAGE. Allons, tenez-vous à distance, petit galant ; votre devoir est de suivre ; mais maintenant vous prenez les devants. Qu’aimeriez-vous mieux, employer vos yeux à me servir de guides, ou les tenir fixés sur les talons de votre maître ?

ROBIN. J’aimerais mieux, par ma foi, marcher devant vous en homme, que de le suivre en nain.

Mme PAGE. Oh ! vous êtes un petit flatteur ; je le vois, vous ferez un courtisan.

Arrive FORD.

FORD. Bonjour, madame Page ; où allez-vous comme cela ?

Mme PAGE. J’allais voir votre femme, monsieur ; est-elle au logis ?

FORD. Oui, madame, et aussi désœuvrée que possible, faute de compagnie ; je pense que si vos maris venaient à mourir, vous vous marieriez l’une à l’autre.

Mme PAGE. Soyez-en sûr, nous nous marierions l’une et l’autre.

FORD, se tournant vers Robin. Où avez-vous fait l’emplette de ce coq de clocher ?