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neuve, d’un laquais usé un sommelier tout frais. Pars, adieu.

BARDOLPHE. C’est un état que j’ai souvent souhaité ; je réussirai.

Bardolphe sort.

PISTOLET. Lâche coquin ! consentir à manier le fausset !

NYM. Son père était ivre quand il l’a fait : voilà qui est finement dit, j’espère. Il n’a pas l’âme héroïque, et voilà.

FALSTAFF. Je suis enchanté de m’être défait de cette boîte à l’amadou ; il volait trop ouvertement. Dans ses filouteries il ressemblait à un chanteur inhabile : il n’observait pas la mesure.

NYM. Le talent consiste à voler à la minute.

PISTOLET. Voler, fi donc ! les gens sages appellent un vol un transfert.

FALSTAFF. Je vous avouerai, mes enfants, que je suis au bout de mon rouleau.

PISTOLET. Au bout du fossé la culbute.

FALSTAFF. Il n’y a pas de remède ; il faut que je grappille, que j’aie recours aux expédients.

PISTOLET. Il faut que les petits des corbeaux aient leur pâtée.

FALSTAFF. Qui de vous connaît dans cette ville un nommé Ford ?

PISTOLET. Je connais le pèlerin ! c’est un homme riche.

FALSTAFF. Mes enfants, je vais vous confier mes projets. J’ai en ce moment…

PISTOLET. Plus de deux aunes de circonférence.

FALSTAFF. Trêve de plaisanteries, Pistolet. Il est vrai que j’ai à peu près deux aunes en rotondité ; mais il ne s’agit pas de cela maintenant. Je voulais vous dire que j’ai le projet de faire ma cour à madame Ford ; je la crois bien disposée en ma faveur : tout en découpant une volaille, elle discourt, elle lance des œillades agaçantes. Je comprends où elle veut en venir ; l’expression la moins flatteuse de toute sa conduite, traduite en bon anglais, signifie : Je suis toute à vous, sir John Falstaff.

PISTOLET. Il l’a soigneusement étudiée, et nous en donne en anglais une traduction libre.

NYM. Il a jeté l’ancre à une fière profondeur : ce mot-là est-il passable ?

FALSTAFF. Or, le bruit court qu’elle a la disposition com-