ACTE V, SCENE IV. 119 que je le visse de mes propres yeux poui- le croire : je n’ose pas dire maiutenant que j’aie un seul ami au monde ; lu me donnerais un démenti. A qui se fier maintenant, lorsque le cœur est trahi par la main droite ? Protée, il m’est pénible de ne pouvoir plus me fier h toi et d’être obligé, h cause de toi, de mettre une barrière entre le monde et moi. Les blessures in- times sont les plus profondes. 31alédiction î faut-il que de tous les ennemis un ami soit le pire ! PROTÉE. Ma honte et mon crime m’accablent. Pardonne- moi, Valeutin ; si une douleur sincère est une expiation suffi- sante de ma faute, je te l’offre ici ; l’amertume de mes remords est égale à mon crime. VALENTIN. Eh bien, tout est réparé, et je te rends ma con- fiance : quiconque n’est point désarmé par le repentir, n’ap- partient ni au ciel ni à la terre ; car la terre et le ciel pardon- nent ; la pénitence apaise la colère de l’Eternel. JULIE. Malheureuse ! Elle s’évanouit. PROTÉE , la recevant dans ses bras. Qu’a donc ce jeune homme ? VALENTIN , s’ approchant. Eh bien , jeune homme, eh bien , qu’y a-t-il ? ouvrez les yeux ! parlez î JULIE. Mon bon seigneur, mon maître m’avait chargé de re- mettre une bague à doua Silvie, et j’ai oublié de le faire. PROTÉE. Jeune homme , où est cette bague ? JULIE , lui remettant une bague. Tenez, la voici. PROTÉE. Voyons ! mais c’est la bague que j’ai donnée à Julie. JULIE. Oh ! je vous demande pardon, seignem- ; je me suis trompé ; voici l’anneau que vous avez envoyé à Silvie. Elle lui présente une autre bague. PROTÉE. D’où te vient cet anneau ? c’est celui qu’en partant j’ai donné à Julie. JULIE. Et Julie me l’a donné, et c’est Julie elle-même qui l’a apporté ici. PROTÉE. Comment, Julie ? JULIE. Reconnais celle qui a reçu tous tes serments , et cpii les a religieusement conservés daiis son cœur ! Combien les as-tu déracinés par le paijure ? O Protée ! que ce vêtement te fasse rougir ; rougis de m’avoir forcée à revêtir un costume
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