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LA TRAGÉDIE DE LOCRINE.

ché son camp damné. — Marchons, monseigneur, il me tarde de voir — ces Scythes perfides noyés dans leur sang.

locrine.

— Douce fortune, favorise Locrine d’un sourire, — permets-moi de venger la mort de mon noble frère, — et, au milieu de la majestueuse Troynovant, — j’érigerai à ta déité un temple — de marbre massif incrusté d’hyacinthes, qui dépassera la plus haute pyramide — dont le sommet domine le firmament.

camber.

— Le robuste rejeton du plus redoutable chevalier, — l’énergique Hercule, ce fils puissant d’Alcmène, — qui dompta les monstres des trois mondes — et délivra les opprimés du joug des tyrans, — ne montra jamais dans les combats autant de vaillance — que je prétends en montrer pour venger le noble Albanact.

corinèius.

— Corinéius a vécu plus de quatre-vingts ans, — soit en guerre, soit dans les douceurs de la paix, — et pourtant je me sens aujourd’hui aussi vigoureux — que je l’ai jamais été au printemps de mon âge ; — je me sens capable de brandir cette énorme massue, — qui a été maculée des cervelles de mes ennemis ; — et avec cette massue je briserai le front de bataille — d’Humber et de ses maraudeurs, — ou je perdrai la vie au plus épais de la mêlée, — et je finirai mes vieux jours avec honneur ; — mais, avant que je meure, ils apprendront tous — quelle vigueur anime le bras fort de Corinéius.

thrasimachus.

— Et si Thrasimachus se soustrait au combat — soit par faiblesse, soit par couardise, — qu’il ne se vante plus d’avoir eu pour oncle Brutus — et d’avoir pour père le brave Corinéius.