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LA TRAGÉDIE DE LOCRINE.

— exterminant tout dans un fatal massacre ; — c’est alors que le vieux Debon, ce chevalier martial, — succomba à ses nombreuses blessures, — et qu’Albanact, accablé par la multitude, — tout en frappant vaillamment ses ennemis, — exhala sa vie et sa gloire dans la poussière. — Lui mort, nos soldats furent mis en déroute, — et seul j’ai pu échapper — pour vous apporter la nouvelle de ces événements.

locrine.

— Le vieux Priam, roi de la majestueuse Troie, — grand empereur de l’Asie barbare, — quand il vit son noble fils — tué traîtreusement par tous les Mirmidons, — ne fut pas plus affligé que je ne le suis de la mort d’Albanact.

guendeline.

— Hécube, la reine d’Ilion, — quand elle vit la ville de Pergame — et son palais brûlés par les flammes dévorantes, — et ses cinquante fils et filles, dans l’éclat de la jeunesse, — égorgés par l’épée sanglante du perfide Pyrrhus, — ne versa pas autant de larmes amères que j’en verse sur le sort d’Albanact.

camber.

— La douleur de Niobé, la belle reine d’Athènes, — pleurant ses sept fils magnanimes à la guerre, — et ses sept filles plus belles que les plus belles, — n’est pas comparable à ma désolation.

corinèius.

— En vain vous vous lamentez sur la mort du prince, — en vain vous vous lamentez sur sa chute. — Celui qui aime le plus n’est pas celui qui pleure le plus, — mais celui qui cherche à venger l’injure faite. — Croyez-vous donc avoir raison d’un ennemi belliqueux — avec des gémissements puérils et des lamentations efféminées ? — Dégaînez vos épées, dégaînez vos épées victorieuses, — et cherchez dans la vengeance la consolation d’une telle douleur. — Dans le Cornouailles, Où j’exerce mon autorité, —