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LES APOCRYPHES.

les propositions d’un riche chevalier, sir Olivier de la Bouse, qui la courtise pour le bon motif, et elle conseille à ses deux filles de faire comme elle et de renoncer à la vie conjugale. — C’est dans ces dispositions qu’elle reçoit la visite d’un certain George Pyeboard qui, de l’air le plus grave, lui fait savoir que son défunt mari a été, pour ses péchés, condamné aux flammes du purgatoire, et qu’il n’en sera délivré que le jour où elle prendra un nouvel époux. À ce mot de purgatoire, la puritaine, qui ne croit qu’aux peines éternelles, se récrie vivement ; elle proteste tout d’abord contre une déclaration impie qui lui paraît injurieuse pour la mémoire de feu M. Plus ; mais George maintient son dire avec un sang-froid imperturbable ; profondément versé dans les sciences occultes, il a des intelligences spéciales avec l’autre monde, et, si lady Plus doute encore de son savoir prophétique, il va le lui prouver par une prédiction qui s’accomplira incessamment : avant ce soir le frère de lady Plus, sir Godfrey, aura fait une perte importante ! — En effet ce qu’avait prédit George arrive ponctuellement. Le soir venu, ce bon sir Godfrey cherche vainement un magnifique collier d’or dont il a l’habitude de se parer : ce collier a disparu, et nul ne sait ce qu’il est devenu. La vérité est que George Pyeboard a fait escamoter le joyau par un de ses affidés, un valet de lady Plus, le puritain Nicolas Saint-Antlings, et qu’il a fait cacher l’objet volé dans certain bosquet de romarin. Au moment où sir Godfrey se lamente le plus fort sur la perte de son collier, paraît George Pyeboard qui s’offre pour opérer un nouveau miracle. Il s’engage à retrouver immédiatement la chaîne disparue. Aidé d’un sien compère, le capitaine Futile, un héros de grand chemin, qu’il a fait tout exprès sortir de prison, — il procède à une incantation magique et évoque sans peine un démon qui lui indique le mystérieux bosquet où est accroché le collier égaré. Après cette découverte