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LA PURITAINE OU LA VEUVE DE WATLING STREET.

ne sont-ce pas des archers, puisqu’en leur qualité d’amoureux, ils lancent les flèches de Cupidon ?

lady plus.

Tais-toi, méchant maroufle !

sir olivier.

Veuillez nous excuser, madame, nous venons ici animés d’une honorable affection.

sir andré et sir john.

Oui, madame.

sir olivier.

Pour vous.

sir andré et sir john.

Et pour vos filles.

lady plus.

Oh ! pourquoi en agissez-vous ainsi avec moi, messieurs ? Je ne veux même pas vous voir en face. Quand les larmes, à peine tombées de mes yeux, sont à peine essuyées de mes joues, quand le corps de mon cher mari est à peine froid comme le tombeau, quelle raison avez-vous d’en agir ainsi avec moi ? Je ne suis pas de ces veuves qui enterrent un époux le soir, et s’en assurent un autre avant le lendemain matin. Retirez-vous, je vous prie, et contentez-vous de cette réponse, bons chevaliers, si vous êtes d’aimables chevaliers : j’ai fait vœu de ne jamais me marier, et mes filles aussi.

sir john, à part.

Oui, vous et votre fille aînée ! mais votre cadette est une bonne enfant.

sir olivier.

Madame, voilà une réponse cruelle ; ce qui me rassure, c’est que c’est la première ; et il faut être un amoureux bien malappris pour se laisser rebuter par une réponse farouche.