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SCÈNE I.

plus de mal que la mort de mon mari. Ô fils unique pervers ! Tu as eu pour père un honnête homme… qui consentait à tromper tout le monde pour t’enrichir, et tu lui refuses un peu d’eau salée ! Un homme qui a su si habilement supplanter le légitime héritier de ce domaine ! Tu n’as pas pour lui plus d’égards !… Debout tous les matins entre quatre et cinq heures, toujours ponctuel à Westminster-Hall chaque jour de terme, avec toutes ses paperasses et tous ses grimoires, pour toi, méchant Absalon… Ô cher époux !

edmond.

Pleurer ! allons donc ! Je jure que je suis bien aise de le voir logé à l’église. Car, maintenant qu’il a disparu, je dépenserai tout à mon aise.

frances.

Chère mère, cessez, je vous en prie ! La moitié de vos larmes suffirait. Il est temps que vous imposiez une trêve à vos yeux ! Laissez-moi pleurer à présent.

lady plus.

Oh ! un si cher chevalier ! un si adorable mari ! je l’ai perdu ! je l’ai perdu !… Si le corps sur lequel tombe la pluie est béni, il aura eu, lui, une véritable ondée.

sir godfrey.

Sœur, reprenez courage ! Nous sommes tous mortels nous-mêmes… Je viens à vous cordialement ; toutes mes paroles sont des paroles de consolation, écoutez-moi !… Mon frère vous a laissée dans l’aisance ; vous êtes riche.

lady plus.

Oh !

sir godfrey.

Je dis que vous êtes riche ; en outre, vous êtes belle.

lady plus.

Oh !

sir godfrey.

Allez, vous êtes belle ; vous ne pouvez pas mettre ça sous