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LE PRODIGUE DE LONDRES.

mathieu.

— Je gage que cette flamande est éprise de moi. — Ne serait-ce pas admirable de lui faire voler — toute l’argenterie de Civette, et de m’enfuir avec ?

le père flowerdale.

— Ce serait infâme. Ô maître Flowerdale, — n’avez-vous ni crainte de Dieu, ni conscience ?… — Que prétendez-vous faire en adoptant cet ignoble genre de vie ?

mathieu.

— Ce que je prétends faire ? Je prétends vivre.

le père flowerdale.

— Vivre de la sorte ? fi donc ! — Vous auriez l’existence d’un lâche.

mathieu.

D’un lâche ! Et comment cela, je vous prie ?

le père flowerdale.

— En effet, vous emprunteriez six pence à un enfant. —

mathieu.

Morbleu, quelle lâcheté y a-t-il à cela ? J’oserais les emprunter à un homme, oui, à l’homme le plus vigoureux de toute l’Angleterre, s’il voulait me les prêter. J’emprunterais n’importe comment ; c’est aux prêteurs à se faire rembourser, n’importe comment. On sait bien que je m’acquitterais cent fois pour une, si je le pouvais.

le père flowerdale.

— Tous ceux qui vous prêtent font un marché de dupe ; — et qu’est-ce que cet emprunt-là, sinon un vol ? — Délia pourrait vous faire pendre maintenant, si, — par égard pour sa sœur, elle ne vous prenait en pitié. — Allez-vous-en, si vous ne voulez pas, en vous attardant ici, — tomber entre les mains de gens que vous n’attendez guère.

mathieu.

— Quand tous les démons de l’enfer seraient ici, — j’y resterai jusqu’au retour de cette fille flamande.

Sort le père Flowerdale.