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LE PRODIGUE DE LONDRES.

l’oncle flowerdale.

Est-il possible ?

le père flowerdale.

— C’est vrai ; et voici la leçon que je lui veux donner. — Je désire, frère, que vous le fassiez arrêter aujourd’hui même. — Si quelque chose peut le réformer, c’est cela. — Car il est endurci au mal, et rivé à une existence — qui doit consommer sa honte et tuer sa femme.

l’oncle flowerdale.

— Eh quoi ! l’arrêter le jour même de ses noces ! — Ce serait un acte peu chrétien et peu humain. — Combien de couples ont payé par maintes années de soucis ultérieurs — les félicités de cette journée unique ! — Laissez-le libre aujourd’hui ; remettez l’arrestation à demain, — et ne troublez pas, par une telle douleur, sa joie d’aujourd’hui.

le père flowerdale.

— Frère, je veux qu’il soit arrêté aujourd’hui même, — à la vue de tous, quand il reviendra de l’église. — Observez seulement ce qu’il va faire ; — je gage qu’il va nier la dette ; — comme il faut que le paiement ne soit pas facile, — vous direz qu’il vous doit près de trois mille livres. — Mon cher frère, prenez immédiatement vos mesures.

l’oncle flowerdale.

— Eh bien, puisque vous le voulez, — frère, soit. Je vais sur-le-champ chercher le shériff.

le père flowerdale.

— Et puis, frère, nous verrons ainsi — ce que fera sir Lancelot dans cette extrémité, — et combien Mathieu est aimé de sa femme ; — l’affection de Luce sera soumise à une épreuve suprême. — Frère, ce que je projette — fera à mon fils beaucoup de mal et beaucoup de bien.

Ils sortent.