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LE PRODIGUE DE LONDRES.

lancelot.

Je l’escorterais plutôt jusqu’à son tombeau.

girouette.

Oui, sir Lancelot, hier encore j’eusse partagé votre sentiment ; mais, vous et moi, nous nous sommes trompés sur le compte de ce jeune homme. Tenez, lisez ce testament, ou cet acte, comme vous voudrez l’appeler. Tenez, tenez ! Mettez vos lunettes, je vous prie.

lancelot.

Non. Dieu merci ! j’y vois très-bien.

girouette.

En ce cas, que le ciel conserve vos yeux ! Les miens sont troubles depuis près de trente ans.

lancelot, lisant le papier que lui remet Girouette.

Eh bien, qu’est-ce que ça veut dire ?

girouette.

Ah ! voilà, sur ma parole, du véritable amour. Il m’a remis cet écrit ce matin même, en me recommandant de ne le montrer à personne. Bon jeune homme ! Voyez comme on peut se tromper.

lancelot.

Dieu du ciel ! quel misérable je suis de haïr ainsi cet aimable jeune homme ! Il nous a faits ses légataires universels, moi et ma fille Luce qu’il aime tant !

girouette.

Tout ! tout ! mon cher, il vous a tout légué !

lancelot.

Trois navires en ce moment dans le détroit, et attendus au port ; — deux seigneuries de deux cents livres de revenu, — l’une, dans le pays de Galles, l’autre, dans le comté de Glocester ; — des créances montant à trente mille livres sterling ; — de la vaisselle plate, de l’argent comptant, des bijoux, pour seize mille ; — deux maisons richement meublées dans Coleman street ; — et, en outre, tout ce que lui