Page:Shakespeare, apocryphes - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1867, tome 3.djvu/215

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
216
LE PRODIGUE DE LONDRES.

mathieu.

Pardieu, je vous remercie de cette nouvelle. Est-elle dans le port ? pouvez-vous me le dire ?

l’oncle flowerdale.

Oui, après ?

mathieu.

Après ? Eh bien, j’ai à bord de ce navire six pièces de velours qui m’ont été envoyées ; je vous en donnerai une, mon oncle. Car, à ce que dit la lettre, il y a une pièce de couleur cendrée, une pièce à trois poils, noire, une gros bleu, une cramoisie, une vert sombre, et une violette… Oui, ma foi.

l’oncle flowerdale.

Et de qui recevez-vous cela ?

mathieu.

De qui ? eh bien, de mon père ; avec bien des compliments pour vous, mon oncle. Je sais, m’écrit-il, que tu as été un grand embarras pour ton excellent oncle ; et, à mon retour, Dieu aidant, je reconnaîtrai amplement toutes ses bontés pour toi. Amplement est le mot textuel, je me le rappelle. Le ciel m’en est témoin !

l’oncle flowerdale.

Avez-vous la lettre ici ?

mathieu, fouillant dans ses poches.

Oui, j’ai la lettre ici ; voici la lettre… Non, si, non… Voyons donc, quelle culotte ai-je mise samedi ? Voyons… mardi, ma culotte de calmande ; mercredi, ma culotte de satin couleur pêche ; jeudi, ma culotte de velours ; vendredi, ma culotte de calmande encore… Samedi ?… voyons, samedi ?… C’est dans la culotte que j’ai mise samedi qu’est la lettre. Oh ! ma culotte de cheval, mon oncle ! cette culotte que vous croyiez de velours, c’est dans cette culotte-là précisément qu’est la lettre.