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SCÈNE VII.

mon nom, — pour être la victime d’un pareil guet-apens ? — Il y en a, du moins, qui me le paieront au prix de leur sang.

l’hôte.

— Ils demandent, milord, à vous parler.

bedford.

— Les traîtres demandent à avoir mon sang. — Mais, par ma naissance, par mon honneur et par mon nom, — par toutes mes espérances, ma vie leur coûtera cher. — Ouvrez la porte ; je vais fondre sur eux tête baissée, — et, si je dois mourir, ce sera du moins avec gloire.

l’hôte.

— Hélas ! milord, c’est là un acte de désespoir : — vous êtes cerné ; ils entourent la maison. — Ils ne veulent que vous faire prisonnier — et vous envoyer personnellement en France.

bedford.

— L’océan sera sec comme une plage — avant qu’ils m’envoient vivant en France. — Mon corps sera percé comme un crible, — et je mourrai, comme Hector, en lutte avec les Mirmidons, — avant que la France se vante d’avoir Bedford pour prisonnier. — France perfide, qui, contrairement aux lois de la guerre, — frappes ainsi ton ennemi par trahison, — sois sûre que ma mort sera vengée — sur tes vies les meilleures. — France ! recule ; sinon, tu cours à ta ruine.

Entre un valet.
le valet.

— Pardon, milord ; je viens pour dire à votre seigneurie — qu’ils ont soudoyé un Napolitain — qui leur a promis, par sa faconde — et sans verser une goutte de sang, — de vous livrer à eux sain et sauf. — Comme condition, cet homme demande à entrer seul — avec un pauvre paysan qui l’accompagne.