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LA TRAGÉDIE DE LOCRINE.

ment tous ces traînards ? — Crois-moi, cette entreprise est hardie, — et mérite bien des éloges !

guendeline.

— Oui, Locrine, traître Locrine, nous sommes venus — avec la prétention de consommer ta ruine. — Qu’ai-je fait, pour que tu me dédaignes ainsi ? — Qu’ai-je dit, pour que tu me repousses ainsi ? — Ai-je désobéi à tes ordres ? — Ai-je trahi tes secrets intimes ? — Ai-je déshonoré ta couche nuptiale — par des crimes immenses, par de lascives impuretés ? — Non ! c’est toi qui l’as déshonorée. — Ton âme impure, dominée par une impure luxure, — cède aux traits impurs de la passion. — Ingrat, tu outrages ta première et ta plus fidèle compagne ! — Ingrat, tu outrages ta meilleure et ta plus chère amie ! — Ingrat, tu violes toutes les lois émanées du génie de Brutus, — au mépris de ton père, de ton oncle et de toi-même.

estrilde.

— Crois-moi, Locrine, cette fille est fort sage, — et ferait une excellente vestale. — Comme son sermon est bien tourné !

thrasimachus.

— Locrine, nous ne sommes pas venus ici pour nous escrimer avec des mots, — des mots qui ne sauraient décider la victoire. — Puisque vous êtes de si querelleuse humeur, — tirez vos épées, et ayons recours à la force, — pour voir qui a la supériorité.

locrine.

— Crois-tu m’intimider, insolent Thrasimachus ? — Crois-tu m’effrayer par tes bravades outrecuidantes ? — Semblons-nous trop faibles pour nous mesurer avec toi ? — Je vais sur le champ te montrer ma fine lame, — et avec mon glaive, ce messager de mort, — mettre le sceau à ton châtiment.

Tous sortent.