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PÉRICLÈS.

nôtre. Quelque nation voisine, — prenant avantage de notre misère, — a rempli ces vastes vaisseaux de forces supérieures, — pour accabler des gens déjà à terre — et triompher d’un malheureux comme moi — qu’il y a si peu de gloire à abattre.

le seigneur.

— Cela n’est guère à craindre ; car, à en juger — par le pavillon blanc qu’ils ont déployé, ils nous apportent la paix — et viennent à nous en auxiliaires, non en ennemis.

clèon.

— Tu parles comme quelqu’un qui ignore — que sous les apparences les plus loyales se cachent les projets les plus perfides. — Mais, quelles que soient leurs intentions, qu’avons-nous à craindre ? — La fosse est l’abîme le plus profond, et nous en sommes à mi-chemin. — Va dire à leur général que nous l’attendons ici, — afin de savoir pourquoi il vient, d’où il vient, — et ce qu’il demande.

le seigneur.

J’y vais, monseigneur.

Il sort.
clêon.

— Bienvenue est la paix, si c’est la paix qu’il veut ; — si c’est la guerre, nous sommes incapables de résister.

Périclès entre avec sa suite.
périclès.

— Seigneur gouverneur, car nous apprenons que vous l’êtes, — que nos vaisseaux et nos nombreuses troupes — ne soient pas comme des feux allumés qui effarent vos regards. — Nous avons appris vos misères à Tyr même, — et nous avons vu la désolation de vos rues ; — nous venons, non pour ajouter une souffrance à vos larmes, — mais pour en alléger le poids douloureux ; — vous croyez peut-être que nos vaisseaux — sont, comme le cheval de Troie, char-