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PÉRICLÈS.

ment que de parler. — Celui qui a un registre de tous les actes des rois — fait mieux pour sa sûreté de le tenir fermé qu’ouvert. — Car leur vice, qu’on divulgue, est comme le vent déchaîne, — qui, en se répandant, souffle de la poussière dans tous les yeux ; — et quel est le prix de cet effort ? — la bouffée passe, et les yeux, d’abord blessés, y voient assez clair — pour se fermer au vent qui leur serait funeste. La taupe aveugle — soulève ses monticules vers le ciel pour déclarer que la terre souffre — de l’oppression de l’homme ; et le pauvre animal meurt pour cela. — Les rois sont les dieux de la terre ; dans le vice, leur volonté est leur loi ; — et, si Jupiter s’égare, qui ose dire que Jupiter fait le mal ? — Il suffit que vous le sachiez, et il est sage, — quand le mal s’aggrave à être connu, de l’étouffer. — Tous aiment le sein qui leur a donné l’être ; — permettez aussi à ma langue d’aimer ma tête.

ANTIOCHUS, à part.

— Ciel ! que ne l’ai-je, sa tête ! il a trouvé le sens… — Mais rusons avec lui.

Haut.

Jeune prince de Tyr, — selon la teneur de notre strict édit, — votre explication étant erronée, — nous pourrions mettre fin à vos jours ; — cependant l’espérance, issue d’un arbre aussi beau — que vous, nous dispose autrement. — Nous vous accordons un sursis de quarante jours ; — si d’ici là notre secret est révélé, — cet acte de clémence prouve la joie que nous aurons alors à vous avoir pour fils ; — et jusqu’alors vous serez traité — comme il sied à notre dignité et à votre mérite.

Antiochus sort avec sa fille et sa suite.
périclès.

— Comme la courtoisie tâche de masquer le crime ! — C’est bien là l’acte d’un hypocrite, — qui n’a rien de bon que ce qu’il laisse voir. — S’il était vrai que mon interpré-