Page:Shakespeare, apocryphes - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1866, tome 2.djvu/431

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
433
EXTRAIT DE LA CHRONIQUE D’HOLINSHED.

cinq ports, à propos d’une certaine affaire ; et sir Thomas remit au valet une lettre pour maître Arden. Quand Michel fut de retour, sa maîtresse prit la lettre et la garda, en recommandant au valet de dire à maître Arden que sir Thomas Cheiny lui avait remis une lettre, mais qu’il l’avait perdue, et qu’en conséquence maître Arden ferait bien de se rendre le lendemain matin chez sir Thomas, pour savoir ce que lui voulait celui-ci. Maître Arden dit qu’il le ferait, et recommanda conséquemment à Michel de se lever de bonne heure. Pendant ce temps-là, Blackwill et un certain George Shakebag, son compagnon, étaient logés par les soins de Greene, dans un magasin de sir Anthony Ager, à Preston ; là, mistress Arden alla visiter Blackwill, lui apportant et lui envoyant fréquemment à boire et à manger.

Blackwill donc, rôdant de ce côté et guettant l’occasion, fut averti de se tenir prêt de bonne heure dans la matinée ; il fut convenu qu’il attendrait maître Arden dans un fourré de genêts entre Feversham et le gué (par lequel maître Arden devait passer) et que là il ferait son coup. Blackwill se leva donc dans la matinée de bonne heure, mais il se trompa de chemin, et s’attarda en faisant fausse route.

Maître Arden et son valet se dirigèrent de bon matin vers Shornelan, où demeurait sir Thomas Cheiny ; comme ils étaient près d’arriver au fourré de genêts, Michel craignit que Blackwill ne le tuât en même temps que son maître, et feignit d’avoir perdu sa bourse.

— Eh quoi ! dit le maître, ne pouvais tu-pas mieux veiller sur ta bourse ? Qu’y avait-il dedans ?

— Trois livres.

— Eh bien, rebrousse chemin, maroufle, et cherche-la ; il est de trop bonne heure pour qu’un passant ait pu encore la ramasser ; tu es donc sûr de la retrouver ; reviens alors me rejoindre au gué.

Néanmoins, par la raison que Blackwill s’était trompé