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APPENDICE.

m’en inquiète pas ; je lève mon bâton, et je marche comme il tombe.

— Eh bien, firent les domestiques, si tu veux t’en retourner à Gravesend, nous te donnerons à souper.

— Sangdieu ! s’écria Blackwill, soit ! j’y consens, je vais avec vous.

Et il s’en retourna avec eux.

Alors Blackwill, reconnaissant Bradshaw :

— Camarade Bradshaw, dit-il, comment vas-tu ?

— Quoi ! est-ce que vous me connaissez ? répondit Bradshaw, peu soucieux de renouveler connaissance et d’avoir affaire à un pareil coquin.

— Oui, certes, fit l’autre ; n’avons-nous pas servi ensemble à Boulogne ?

— Pardonnez-moi, repartit Bradshaw, je ne vous remettais pas.

Alors Greene causa avec Blackwill, et lui dit : — Quand vous aurez soupé, venez à mon auberge ; à telle enseigne, et je vous donnerai le vin sucré.

— Sangdieu ! je vous remercie, j’irai vous voir, je vous le garantis.

Suivant sa promesse, Blackwill alla rejoindre Greene, et ils firent bonne chère. Alors, à l’insu de Bradshaw, tous deux s’entendirent, et Greene promit à Blackwill qu’il aurait dix livres pour sa peine, s’il voulait tuer maître Arden.

— Sangdieu ! dit Blackwill, j’y consens, pourvu qu’on me le désigne.

— Morbleu, fit Greene, demain, à Saint-Paul, je te le montrerai.

Sur ce, ils cessèrent leurs pourparlers. Greene renvoya Blackwill à son auberge, et écrivit à mistress Arden une lettre où, entre autres choses, il lui disait : Nous avons trouvé l’homme qu’il nous faut, grâce à mon confrère Bradshaw. Sur quoi, Bradshaw, ne sachant rien de ce qui s’était passé,