Page:Shakespeare, apocryphes - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1866, tome 2.djvu/321

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
323
SCÈNE IX.

blackwill.

Oh ! Greene, c’est intolérable ! — Mon honneur ne saurait endurer cela. — Il n’est pas une action, Shakebag, dont tu puisses te vanter, — tandis que moi, j’ai servi le roi à Boulogne.

shakebag.

— Eh ! Jack de Feversham peut dire qu’il en fait autant, — lui qui s’évanouissait en recevant une chiquenaude sur le nez, — et qui, pour peu qu’en la lui donnant on lui hurlât dans l’oreille, — s’imaginait avoir été frappé par un boulet de canon.

Ils vont pour se battre.
GREENE, les séparant.

— De grâce, mes maîtres, écoutez le récit d’Ésope : — « Tandis que deux vigoureux mâtins se battaient pour un os, — survint un roquet qui le leur vola à tous deux. » Ainsi, pendant que vous restez là à ergoter sur votre bravoure, — Arden nous échappe et se joue de nous tous.

SHAKEBAG, montrant Blackwill.

— Eh ! c’est lui qui a commencé.

blackwill.

Et tu verras aussi que j’en finirai. — Je veux bien ajourner la chose jusqu’à un moment plus propice. — Mais, si je l’oublie…

Ici il s’agenouille, et lève les mains au ciel.
greene.

— C’est bon, choisissez le meilleur affût, et, encore une fois, — tendez bien vos gluaux pour attraper cet oiseau circonspect. — Je vous laisse, et, à la détonation de vos pistolets, — je m’élance comme le barbet impatient — qui se couche jusqu’à ce que le coup de feu soit parti — et qui alors se jette avidement sur la proie. — Ah ! si je pouvais le voir raidir ses ergots à terre, — comme je l’ai vu jusqu’ici battre des ailes !