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ARDEN DE FEVERSHAM.

bonheur. — Jusque là ma joie est mêlée d’un fiel amer. — Allons, rentrons pour éloigner les soupçons.

mosby.

— Oui, je te suivrai jusqu’aux portes de la mort.

Ils sortent.

SCÈNE IX.
[La dune de Raynham et ses environs.]
Entrent Greene, Blackwill et Shakebag.
shakebag.

— Allons, Will, vois si tes instruments sont en bon état. — Ta poudre est-elle pas humide ? Ta pierre peut-elle faire feu ?

blackwill.

— Demande-moi plutôt si mon nez est sur mon visage, — ou si ma langue est gelée dans ma bouche. — Mordieu ! en voilà, des embarras ! Vous feriez mieux de me demander, — sous la foi du serment, combien de pistolets m’ont passé par les mains, — ou si j’aime l’odeur de la poudre à canon, — ou si j’ose supporter le bruit d’une couleuvrine, — ou si je ne cligne pas de l’œil lorsque la flamme en jaillit. De grâce, Shakebag, que cette réponse te suffise : — j’ai pris plus de bourses sur cette dune — que tu n’as manié de pistolets dans ta vie.

shakebag.

— Oui, mais peut-être as-tu escamoté dans la foule la plupart de ces bourses-là. — Quant à moi, si je déclarais toutes les prises que j’ai faites, — je crois que l’excédant de mon butin sur le tien — monterait à une somme d’argent plus grande — que vous ne valez, toi et tous tes pareils. — Mordieu ! je les hais, comme je hais un crapaud, — ceux qui portent un mousquet dans leur langue, — et pas une arme sérieuse à la main.