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ÉDOUARD III.

poudre s’exhalant en fumée. — Et c’est ainsi, je le crains, que j’ai, malheureux, fait — le récit trop néfaste de la chute d’Édouard.

la reine.

— Hélas ! est-ce là ma bienvenue en France ? — Est-ce là la joie que j’espérais éprouver — en retrouvant mon fils bien-aimé ? — Cher Ned, pourquoi les flots de l’océan — n’ont-ils pas épargne à ta mère cette douleur mortelle ?

édouard.

— Du courage, Philippa ! Ce ne sont pas les larmes qui parviendront — à nous le rendre, s’il nous a été enlevé. — Console-toi, comme moi, gentille reine, — dans l’espoir d’une vengeance signalée, effroyable, inouïe. — Il m’a dit de préparer les funérailles de mon fils ; — eh bien, soit ! mais tous les pairs de France — suivront le deuil en versant des larmes de sang — jusqu’à ce que leurs veines taries soient desséchées ; — leurs ossements seront les piliers de son cercueil ; — les cendres de leurs cités seront l’argile qui le recouvrira ; — son glas funèbre, ce sera le râle des mourants ; — et, tandis que nous pleurerons la mort de notre vaillant fils, — en guise de cierges sur sa tombe, — cent cinquante tours embrasées flamboieront.

Fanfare derrière le théâtre.
Entre un héraut.
le héraut.

— Réjouis-toi, prince, et monte au sommet du trône impérial ! — Le puissant et redouté prince de Galles, — le grand serviteur du sanglant Mars armé, — la terreur des Français, la gloire de son pays, — chevauche triomphalement comme un pair romain ; — et au-dessous de lui, à côté de ses étriers, marchent — Jean de France et son fils, —