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ÉDOUARD III.

tentions d’Édouard, — quelque nette que soit la généalogie produite par lui, — vous êtes en possession de la couronne, — et c’est le point de droit le plus sûr. — En tout cas, avant qu’il triomphe, — je m’engage à verser le plus pur de mon sang, — ou à chasser jusque chez eux ces maraudeurs intrus.

le roi jean.

— Bien parlé, jeune Philippe !… Qu’on apporte du pain et du vin. — Soutenons nos estomacs, — pour pouvoir plus énergiquement faire face à l’ennemi.

On apporte une table et des provisions ; le roi et son fils s’attablent. Décharge d’artillerie au loin.

— Maintenant commence sur mer la redoutable journée. — Combattez, Français, combattez ; ayez l’intrépidité des ours, — quand ils défendent leurs oursons dans leurs cavernes. — Dirige, implacable Némésis, l’heureux gouvernail — en sorte que la flotte ennemie soit dispersée et coulée à fond — par les bordées sulfureuses de la furie française.

Nouvelles décharges.
philippe.

— Ô mon père, l’écho bruyant du canon — est la plus douce harmonie qui puisse assaisonner mon repas.

le roi jean.

— Maintenant, enfant, tu entends la foudre terrible — que fait gronder la lutte des empires. — La terre secouée par un tremblement de terre vertigineux, — les émanations du ciel — faisant explosion dans un éclair, — sont moins effroyables que les rois, quand ils se disposent — à manifester la rancune de leurs cœurs gonflés.

La retraite sonne.

— On sonne la retraite : l’un des côtés a le dessous : — oh ! si c’étaient les Français !… Douce fortune, tourne, — et,