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SCÈNE IV.

maintenant profondément endormi dans mon cœur. — Quand ce double sacrifice sera accompli, alors je consentirai a aimer. — N’essaie pas de m’empêcher, roi libertin. — Ma résolution est plus agile encore — que ne peut l’être ton empressement à me sauver. — Si tu bouges, je frappe. Ainsi reste immobile, — et écoute le dilemme que je vais t’imposer : — ou tu vas jurer de renoncer à ces instances sacriléges — et de ne plus me solliciter désormais, — ou, par le ciel !

Elle s’agenouille.

La pointe aiguë de ce couteau — va souiller ta terre de mon pauvre sang pur — que tu voulais souiller. Jure, Édouard, jure, — ou je frappe, et je meurs ici sous tes yeux.

édouard.

— Je le jure par ce pouvoir suprême qui me donne en ce moment — le pouvoir de rougir de moi-même, jamais je ne rouvrirai les lèvres — pour renouveler, fût-ce par un seul mot, ces instances ! — Relève-toi, vraie lady anglaise ! notre île — a droit d’être plus fière de toi que Rome ne le fut — de cette héroïne dont les trésors saccagés ont stimulé — les vains efforts de tant de plumes ! — Relève-toi, et que ma faute soit la gloire de ta vertu, — et que cette gloire soit ta richesse dans les siècles à venir. — Je suis réveillé de ce songe insensé (5)… — Warwick ! mon fils ! Derby ! Artois ! Audley ! — Vous tous, braves guerriers, où êtes-vous ?

Entrent le Prince de Galles et les lords.

— Warwick, je te fais gardien du nord. — Vous, prince de Galles ; et Audley, vite en mer ! — Courez à Newhaven, et là que des troupes m’attendent. — Moi-même, Artois et Derby, nous passerons par les Flandres — pour y saluer nos amis et réclamer leur aide… — Cette nuit m’aura tout