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ÉDOUARD III.

de faibles femmes tes armes menaçantes ? — Ah ! je te ferai rentrer tes cornes, limaçon ! — Toi d’abord, Audley, charge-toi — de lever des fantassins pour nos guerres en France.

Au prince de Galles.

— Toi, Ned, tu rassembleras nos gens d’armes, — en choisissant dans chaque comté une compagnie d’élite : — que ce soient tous des soldats de fougueuse humeur, — de ces hommes qui ne craignent que la souillure du déshonneur ! — Donc, de la vigilance ! car nous commençons — une fameuse guerre, et contre une formidable nation… — Toi, Derby, sois notre ambassadeur — auprès de notre beau-père, le comte de Hainaut ; — mets-le au courant de notre entreprise, — et prie-le, ainsi que tous les alliés — que nous avons dans les Flandres, de solliciter — l’empereur d’Allemagne en notre faveur. — Moi-même, tandis que vous serez ainsi occupés, — je vais, avec les forces que j’ai sous la main, — me mettre en marche et repousser une fois de plus ces traîtres d’Écossais… — Surtout, mes maîtres, soyez résolus, nous allons avoir la guerre — de tous les côtés… Ah ! Ned, il faut que tu commences — dès à présent à négliger tes études et tes livres — pour endurcir tes épaules au poids d’une armure.

le prince de galles.

— Ce tumulte d’une guerre qui s’allume — est pour ma juvénile ardeur un bruit aussi agréable — que l’est, au couronnement d’un roi, — l’acclamation joyeuse du peuple, — quand il s’écrie : Ave, Cæsar ! — À cette école de l’honneur, j’apprendrai — à sacrifier mes ennemis à la mort — ou à verser mon sang pour une juste querelle. — Donc en avant, et gaîment ! que chacun suive son chemin ! — Dans les grandes affaires tout délai est fatal.

Ils sortent.