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SCÈNE XV.

qu’elles ne peuvent ; par l’effet de la continuelle action elles sont à peu près pourries.

le maquereau.

Ayons-en donc de fraîches, coûte que coûte. Si l’on ne met pas de conscience à faire son métier, jamais on ne prospère.

la maquerelle.

Tu dis vrai : ce n’est pas en élevant de pauvres bâtards, et je crois bien en avoir élevé onze…

boult.

Oui, jusqu’à onze ans, et ensuite vous les avez remis à terre ! Ah çà, faut-il que je visite le marché ?

la maquerelle.

Quel moyen de faire autrement ? Les marchandises que nous avons, un vent un peu fort les mettrait en pièces, tant elles sont lamentablement gâtées.

le maquereau.

Tu dis vrai ; elles sont par trop malsaines, en conscience. Le pauvre Transylvanien, qui couchait avec la petite bagasse, est mort.

boult.

Ouais, elle l’a vite fait crever ; elle en fait un rôt pour les vers ; mais je vais visiter le marché.

Il sort.
le maquereau.

Trois ou quatre mille sequins, ça serait un joli capital pour vivre tranquille, et alors on se retirerait.

la maquerelle.

Pourquoi se retirer, je vous prie ? Y a-t-il de la honte à acquérir quand on est vieux ?

le maquereau.

Oh ! la considération ne nous vient pas comme le bénéfice ; et le bénéfice n’est pas en proportion du danger ; donc, si dans notre jeunesse nous pouvons amasser une jo-