Seigneur, ils arrivent.
— Vaillants et magnanimes adversaires, — cousins royalement ennemis, venus aujourd’hui — pour éteindre cette parenté qui flamboie entre vous, — laissez de côté pour une heure votre colère, et, comme des colombes, — devant les saints autels de vos protecteurs, — les dieux redoutables, inclinez vos têtes inflexibles. — Votre courroux est surhumain ; que tel soit votre appui ! — Et, avec la faveur des dieux, combattez pour la justice ! — Je vous laisse à vos prières, et entre vous — je partage mes vœux.
Que l’honneur couronne le plus digne !
— Le sablier d’où le gravier s’échappe en ce moment, ne sera pas encore vide, — qu’un de nous aura expiré. Songez seulement à ceci : — s’il y avait en moi quelque chose qui prétendît — me faire obstacle en cette affaire, un de mes yeux — se tournant contre l’autre, un bras luttant contre l’autre bras, — je détruirais le rebelle ; oui, cousin, je le détruirais, bien que faisant partie de moi-même. D’après cela jugez donc — comment je vais vous traiter.
Je travaille — à chasser de ma mémoire votre nom, votre vieille amitié, — notre parenté, et à substituer à tout cela — quelque chose que je désire anéantir. Hissons donc — les voiles qui doivent mener nos vaisseaux au port même — que désignera le divin nautonier.