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ACTE I, SCÈNE I.

ni battus, ni flétris ; la Fortune vous souriait, — fossettes aux joues ; Hercule, notre parent, — alors plus faible que votre regard, mettait de côté sa massue — et s’affaissait sur sa peau néméenne, — en jurant que ses muscles fléchissaient. Ô douleur ! ô temps ! — destructeurs terribles, vous dévorerez donc tout !

première reine.

Oh ! j’espère qu’un dieu, — qu’un dieu aura mis sa miséricorde dans votre humanité — pour vous infuser sa force et faire surgir — en vous notre sauveur !

thésée.

Oh ! debout, debout, veuve ! — Pliez ces genoux devant la Bellone casquée, — et priez pour moi, votre soldat… Je suis troublé !

Il s’écarte.
deuxième reine.

— Honorée Hippolyte, — Amazone redoutée, toi qui as tué — le sanglier hérissé de faux ; toi qui, avec ton bras aussi fort — qu’il est blanc, aurais réussi à faire de l’homme — le captif de ton sexe, si ton seigneur ici présent, — né pour maintenir la création dans la hiérarchie — que lui a assignée la primitive nature, ne t’avait ramenée — dans les limites que tu franchissais, en domptant — à la fois ta force et ton affection ! Ô guerrière, — toi qui donnes la pitié pour contre-poids à la rigidité, — toi qui maintenant, je le sais, as plus de pouvoir sur Thésée — qu’il n’en a jamais eu sur toi, toi qui disposes de sa puissance — et de son amour, servilement suspendu — à la teneur de tes paroles, précieux miroir des femmes, — demande-lui pour nous, qu’a brûlées la guerre flamboyante, — l’ombre rafraîchissante de son épée ! — Somme-le de l’étendre au-dessus de nos têtes ; — parle-lui avec tous les accents d’une femme, comme si tu étais — une de nous trois ; pleure plutôt que d’échouer ; — fléchis pour nous un genou, — mais ne touche pas la