cruelle, — car ils ont été cruels envers moi et les miens !
— Tu nous as parfaitement instruits ; nous ferons tout cela. — Mais veuille d’abord, bon Andronicus, — envoyer chercher Lucius, ton fils trois fois vaillant, — qui dirige sur Rome une armée de Goths belliqueux, — et dis-lui de venir banqueter chez toi ; — quand il sera ici, à ta fête solennelle, — j’amènerai l’impératrice et ses fils, — l’empereur lui-même et tous tes ennemis ; — et ils s’inclineront et se prosterneront à ta merci ; — et tu assouviras sur eux les furies de ton cœur. — Que dit Andronicus de ce projet ?
— Marcus, mon frère ! c’est le triste Titus qui t’appelle.
Entre Marcus.
— Cher Marcus, rends-toi près de ton neveu Lucius ; — tu le trouveras au milieu des Goths ; — dis-lui de venir chez moi et d’amener avec lui — quelques-uns des premiers princes des Goths ; — dis-lui de faire camper ses soldats où ils sont ; — annonce-lui que l’empereur et l’impératrice — festoieront chez moi, et qu’il sera, comme eux, du festin. — Fais cela pour l’amour de moi ; et qu’il fasse ce que je lui dis, — s’il tient à la vie de son vieux père.
— Je vais le faire, et je reviendrai bientôt.
— Maintenant je pars pour m’occuper de ma mission, — et j’emmène avec moi mes ministres.
— Non, non, que le Meurtre et le Viol restent avec moi ; — autrement je rappelle mon frère, — et je ne veux plus d’autre vengeur que Lucius.