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soit, qui leur apprenne à persécuter leurs semblables par bonne amitié, à tourmenter par passe-temps leurs Prisonniers de guerre, à souiller les Autels de sang humain, à se tourmenter eux-mêmes, à se macérer cruellement, à se déchirer dans des accès[1] de zèle en présence de leurs Divinités, & à

  1. Domptez vos passions, dit la Religion : conservez-vous, dit la Nature. Il est toujours possible de satisfaire à l’une & à l’autre ; du moins il faut le supposer, car il seroit bien singulier qu’il y eût un cas où l’on seroit forcé de devenir homicide de soi-même, pour être vertueux. C’est ce que les Piétistes outrés ne manqueroient pas d’appercevoir, s’ils osoient consulter la Raison. Celui qui fatigué de lutter contre lui-même finiroit la querelle d’un coup de pistolet, seroit un enragé, leur diroit-elle. Mais celui qui révolté de ce procédé brusque, prendroit par amour de Dieu & pour le bien de son ame, chaque jour, une dose legere d’un poison qui le conduiroit insensiblement au tombeau, seroit-il moins fol ? non sans doute. Si le crime est dans le suicide, qu’importe qu’on se tue par des jeûnes & des veilles, de l’arsenic ou du sublimé ? dans un instant ou dans l’espace de dix années ? avec un cilice & des fouets, un pistolet ou un