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seule en un mot de son espèce, nous dirons sans hésiter, que cette Créature singulière doit être plongée dans une affreuse mélancolie ; car quelle consolation pourrait-elle avoir en un Monde qui n’est pour elle qu’une vaste solitude. Mais si l’on ajoutoit, qu’en dépit des apparences, cette Créature jouit de la vie, sent le bonheur d’exister, & trouve en elle-même de la félicité. Alors nous pourrions convenir que ce n’est pas tout à fait un monstre, & que relativement à elle-même, sa constitution naturelle n’est pas entièrement absurde ; mais nous n’irions jamais jusqu’à dire que cet Etre est bon. Cependant si l’on insistoit & qu’on nous objectât qu’il est parfait dans sa manière, & conséquemment que nous lui refusons à tort l’épithète de bon ; car qu’importe qu’il ait quelque chose à démêler avec d’autres, ou non ? il faudrait bien franchir le mot,