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& les autres croiroient avoir trahi leur cauſe, s’ils avoient abandonné un pouce de terrain. Ce ſeroit un miracle que de perſuader à ceux-ci qu’il y a quelque mérite dans la Religion, & à ceux-là, que la Vertu n’eſt pas concentrée toute entiere dans leur parti. Dans ces extrémités, quiconque s’élève en faveur de la Religion & de la Vertu, & s’engage, en marquant à chacune ſa puiſſance & ſes droits, de les conſerver en bonne intelligence, celui-là, dis-je, s’expose à faire un mauvais[1] perſonnage.

Quoi qu’il en ſoit, ſi nous préten-

  1. Je me ſuis demandé quelquefois pourquoi tous ces Écrits dont la fin derniere eſt proprement de procurer aux hommes un bonheur infini, en les éclairant ſur des vérités ſurnaturelles, ne produiſent pas autant de fruits qu’on auroit lieu d’en attendre. Entre pluſieurs cauſes de ce triſte effet, j’en diſtinguerai deux, la méchanceté du Lecteur & l’inſuffiſance de l’Écrivain, devroit lire ſon ouvrage dans le ſilence des paſſions : l’Écrivain, pour arriver à la conviction du Lecteur, devroit par une