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plus difficilement encore, quand elle est une fois allumée. Dans ces Créatures, l’esprit de vengeance est une furie qui dort ; mais qui, quand elle est éveillée, ne se repose point qu’elle ne soit satisfaite : alors, son sommeil est d’autant plus doux que le tourment dont elle s’est délivrée, était grand, & que le poids dont elle s’est déchargée, était lourd. Si en langage de galanterie, la jouissance de l’objet aimé s’appelle avec raison, la fin des peines de l’amant ; cette façon de parler convient tout autrement encore au vindicatif. Les peines de l’amour sont agréables & flatteuses ; mais celles de la vengeance ne sont que cruelles. Cet état ne se conçoit que comme une profonde misère, une sensation amère dont le fiel n’est tempéré d’aucune douceur.