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une Créature destinée à la Société, plus particulièrement qu’aucune autre, d’être dénuée de ces penchants qui la porteraient au bien & à l’intérêt général de son espèce ? car il faut convenir qu’il n’y en a point de plus ennemie de la solitude que l’homme dans son état naturel. Il est entraîné, malgré qu’il en ait, à rechercher la connaissance, la familiarité & l’estime de ses semblables ; telle est en lui la force de l’affection sociale, qu’il n’y a ni résolution, ni combat, ni violence, ni précepte qui le retiennent ; il faut ou céder à l’énergie de cette passion, ou tomber dans un abattement affreux & dans une mélancolie qui peut être mortelle.

L’Homme insociable, ou celui qui s’exile volontairement[1] du Monde, &

  1. Il n’est point ici question de ces pieux Solitaires que l’esprit de pénitence, la crainte