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l’amour-propre est grand contemplateur de lui-même ; mais quand une indifférence parfaite sur ce qu’on peut valoir, rendrait paresseux à s’examiner, les feints égards pour autrui & les désirs inquiets & jaloux de réputation, exposeraient encore assez souvent notre conduite & notre caractère à nos réflexions. D’une ou d’autre façon, toute Créature qui pense, est nécessitée par sa nature à souffrir la vûe d’elle-même, & à avoir à chaque instant sous les yeux les images errantes de ses actions, de sa conduite & de son caractère : ces objets qui lui sont individuellement attachés, qui la suivent partout, doivent passer & repasser sans cesse dans son esprit : or, si rien n’est plus importun, plus fatiguant & plus fâcheux que leur présence à celui qui manque d’affections sociales, rien n’est plus satisfaisant, plus agréable &