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téressés deviennent essentiels à la Vertu. Quoique la Créature ne soit ni bonne ni vertueuse, précisément parce qu’elle a ces affections ; comme elles concourent au bien général de l’espèce, quand elle en est dénuée, elle ne possède pas toute la bonté dont elle est capable, & peut être regardée comme défectueuse & mauvaise dans l’ordre naturel.

C’est encore en ce sens que nous disons de quelqu’un « qu’il est trop bon » lorsque des affections trop ardentes pour l’intérêt d’autrui l’entraînent au-delà, ou lorsque trop d’indolence pour ses vrais intérêts, l’arrête en deçà des bornes que la Nature & la Raison lui prescrivent.

Si l’on nous objecte qu’une façon de posséder dans les mœurs & d’observer dans la conduite les proportions morales, ce serait d’avoir les passions sociales trop énergiques, lorsque les penchans