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juste ou inique, bonne ou mauvaise, c’est dire des mots, & parler sans entendre.

D’où je conclus que rendre un culte sincère & réel à quelque Etre suprême qu’on connaît pour injuste & méchant, c’est s’exposer à perdre tout sentiment d’équité, toute idée de justice & toute notion de vérité. Le zèle doit à la longue supplanter la probité, dans celui qui professe de bonne foi une Religion dont les préceptes sont opposés aux principes fondamentaux de la Morale.

Si la méchanceté reconnue d’un Etre suprême influe sur ses adorateurs ; si elle déprave les affections, confond les idées de vérité, de justice, de bonté, & sape la distinction naturelle de la droiture & de l’injustice ; rien au contraire n’est plus propre à modérer les passions, à rectifier les idées & à fortifier l’amour