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d’un bain, et au soleil, que dans un air froid ; et qu’un même corps est léger dans l’eau, et pesant dans l’air.

Mais laissons-là ces mélanges extérieurs. Nos yeux ont en eux mêmes des tuniques et des humeurs : ainsi, comme nous ne pouvons pas voir les objets extérieurs sans le mélange de ces choses qui sont dans nos yeux, nous ne pouvons pas non plus les apercevoir purement et exactement, et jamais nous ne les apercevons qu’avec quelque mélange. C’est là la raison pour quoi toutes choses paraissent pâles, et d’une couleur morte à ceux qui ont la jaunisse ; et d’une couleur de sang à ceux qui ont un épanchement de sang dans les yeux. Il faut raisonner de même à l’égard de la voix. Comme elle paraît tout autre dans des lieux spacieux et droits, que dans des lieux étroits et pleins de détours, et qu’elle paraît autre dans un air trouble et autre dans un air pur ; il est vraisemblable que nous n’apercevons pas la voix purement et sans mélange : car les oreilles ont des trous étroits et obliques, et elles sont troubles et remplies d’ordures qui viennent des parties voisines de la tête. Tout de même dans nos narines, et dans l’organe du goût, il y a toujours quelques matières avec lesquelles nous apercevons les objets du goût et de l’odorat ; de sorte que ces perceptions ne sont jamais celles qui nous viennent de l’objet tout pur. Ainsi, à cause de ces mélanges, les sens ne reçoivent