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réjouissantes à ceux qui sont dans la joie.

Puis donc qu’il y a une si grande différence et une si grande contrariété dans les dispositions et dans les circonstances, où l’on se trouve, et que les hommes sont tantôt dans un certain état et tantôt dans un autre, on pourra peut-être dire assez facilement comment un objet est aperçu d’un chacun, mais il ne sera pas également facile de prononcer, quel peut être réellement cet objet.

Il est impossible d’établir aucun jugement certain, dans une si grande contrariété de circonstances, soit que celui qui voudra juger des choses, soit dans quelqu’une de ces dispositions que nous avons dites, soit qu’il ne soit dans aucune absolument. Mais dire qu’il ne soit dans aucune de ces circonstances, dire qu’il ne soit ni bien portant ni malade, ni en mouvement ni en repos, ni dans aucun âge de la vie, et qu’en un mot il n’ait aucune des autres affections ou dispositions, c’est une absurdité. Que s’il suit quelque disposition où il se rencontre, pour juger des choses qui lui paraissent d’une telle manière, il est lui même une partie discordante, et il est du nombre des choses dont on dispute. Outre cela il ne peut pas être un juge irréprochable à l’égard des objets extérieurs, perverti ou corrompu qu’il est par ses affections ou par ses dispositions.