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conduite. Il est laid comme une bête ; tant il est vrai de dire, que d’être honnêtes gens, cela contribue à nous rendre beaux. Et nous voyons plusieurs hommes qui s’imaginent que leurs maîtresses sont les plus belles du monde, quoiqu’elles ne soient rien moins que belles. Si l’on a faim, on juge tout autrement des choses, que si l’on est rassasié : ceux qui sont affamés, trouveront agréable une nourriture, qui paraîtra désagréable à ceux qui sont rassasiés. A être ivre, ou n’avoir point bu, cela varie les idées : un homme à jeun détestera, comme des infamies, des choses dont il n’aura point de honte, s’il est ivre.

Les dispositions précédentes contribuent à diversifier nos perceptions. Un même vin paraîtra aigre à ceux qui ont mangé un peu auparavant des dattes ou des figues sèches, et paraîtra agréable à ceux qui auront mangé du poivre ou des noix. L’appartement tiède d’un bain échauffe ceux qui y entrent de dehors, et refroidit ceux qui y entrent au sortir de l’appartement chaud du bain.

La confiance et la crainte donnent des idées différentes des choses. Ce qui paraîtra effrayant et formidable à un homme craintif, ne le paraîtra pas à un homme hardi.

Il faut dire la même chose de la tristesse et de la joie. Les mêmes choses seront inquiétantes et fâcheuses à des personnes saisies de tristesse ; et seront