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délavée à des vieilles personnes, paraît plus foncée et plus vive à ceux qui sont plus jeunes. Il faut dire la même chose d’une même voix, qui paraît lourde ou basse aux uns, et sonore ou haute aux autres. Les différents âges causent des désirs et des aversions différentes dans les personnes. Les enfants aiment les balles de jeu de paume, et les toupies ; mais les hommes faits, aiment mieux d’autres choses ; et les vieillards encore d’autres. Toutes ces choses font voir, que les objets font naître des idées et des perceptions toutes différentes, suivant les différents âges.

Le mouvement et le repos nous font paraître les choses sous des idées différentes. Les objets, qui nous paraissent sans mouvement, lorsque nous sommes en repos en terre ferme, nous paraissent marcher et se mouvoir, si nous passons par devant dans un bateau.

L’amour et la haine diversifient encore les idées. Les uns ont une souveraine aversion pour la chair de cochon, et d’autres en mangent avec plaisir. Une belle personne paraîtra quelquefois laide, si elle devient odieuse, sans qu’on puisse dire qu’elle ait perdu rien de sa beauté. Lisez ces paroles que Ménandre met dans la bouche d’un de ses personnages : O que le visage de cet homme, auparavant si beau, est changé depuis qu’il s’est rendu odieux par sa mauvaise