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qu’ils sentent souvent une odeur comme de stirax ou d’encens ou de quelque autre sorte, pendant que nous ne sentons point ces choses et que nous n’avons aucune perception de plusieurs autres choses qu’ils croient apercevoir. De l’eau, qui nous paraît tiède, semble être bouillante, quand on la verse fut quelques parties du corps qui sont enflammées. Une étoffe qui paraît de couleur de sang à ceux qui ont un épanchement de sang dans les yeux, ne nous paraît point de même. Et le miel qui nous paraît doux, paraît amer à ceux qui ont la jaunisse.

Que si l’on nous objecte que le mélange de certaines humeurs, dans ceux qui ne sont point dans leur état naturel, leur font avoir en la présence des objets, des perceptions qui ne sont point conformes à la nature de ces objets, nous répondrons, que ceux qui sont enfantés, ayant aussi des mélanges d’humeurs, ces humeurs de même peuvent être cause, que les objets extérieurs, qui sont peut-être de leur nature tels qu’ils paraissent à ceux qui ne sont pas dans leur état naturel, paraissent d’une manière toute différente à ceux qui sont en santé. C’est une sottise d’attribuer à ces humeurs-là, la puissance de changer les objets et de la refuser à celles-ci. Car, comme ceux qui se portent bien, sont dans un état conforme à la