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artère, et le poumon ; comme fait aussi l’huile, quoiqu’elle adoucisse la peau. Outre cela la torpille de mer, appliquée aux extrémités du corps, engourdit ; et si on l’applique sur quelque autre partie, elle ne fait point de mal. C’est pourquoi nous ne pouvons pas dire quelle est la nature de ces choses là, mais seulement quelles elles paraissent à nos sens. Nous pourrions rapporter encore ici plusieurs choses ; mais pour ne pas nous y arrêter plus longtemps que ne le demande le dessein de cet ouvrage, nous dirons seulement que toutes les choses sensibles tombent sous nos sens en diverses manières, et causent en nous de différentes perceptions. Telle est, par exemple, une pomme qui nous paraît polie, de bonne odeur, douce, et d’une certaine couleur : mais nous ne sommes pas certains, si elle a ces seules qualités, ou si plutôt elle n’en a qu’une ; et si elle ne paraît avoir toutes ces qualités différentes, qu’à cause que les organes de nos sens se trouvent constitués de différentes manières ; ou enfin si elle n’a pas plus de qualités que celles qui nous paraissent, quelques-unes de ces qualités ne pouvant pas tomber sous nos sens.

On pourrait dire que cette pomme n’a peut-être qu’une seule qualité, si l’on fait attention à ce que nous avons dit d’une seule et même nourriture qui se digère, et qui se distribue